Image
CESEC discours
Discours de Madame Maiana BAMBRIDGE, Présidente du CESEC

Prononcé lors de la séance plénière du 3 octobre 2025, à l’occasion de son élection à la présidence du Conseil économique, social, environnemental et culturel de la Polynésie française.

Élue à la présidence du CESEC lors du renouvellement du bureau de l’institution, Madame Maiana BAMBRIDGE a adressé à l’ensemble des conseillers un discours empreint d’humilité, de vision et de conviction.

Forte d’un engagement de longue date dans le domaine social, la défense des droits des femmes, la solidarité et la participation citoyenne, la nouvelle Présidente a exprimé sa volonté de placer son mandat sous le signe de l’écoute, du dialogue et du service au Fenua.

Dans son allocution, elle a rappelé le rôle essentiel du CESEC comme maison du dialogue et force de proposition, tout en traçant les grandes orientations de son action :
👉 un développement économique plus diversifié et durable,
👉 un renforcement de la justice sociale et de la solidarité,
👉 une protection accrue de l’environnement,
👉 et la préservation de la culture et de l’identité polynésienne.

Elle a également réaffirmé l’importance d’une coopération régionale renforcée au sein du grand espace océanien, pour faire entendre la voix de la société civile polynésienne dans les échanges du Pacifique.

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de son discours :

Madame la Vice-Présidente,

Monsieur le Ministre 

Mes chers collègues,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Ia ora na,

C’est avec humilité, et aussi avec une profonde détermination, que je me tiens devant vous pour présenter ma candidature à la présidence de notre cher CESEC.

Notre institution, vous le savez, occupe une place singulière dans notre pays.

Elle est une chambre de réflexion, de proposition et d’équilibre.

Elle n’exerce pas le pouvoir. Elle éclaire le pouvoir.

Elle n’impose pas des choix. Elle ouvre des voies.

Elle n’est pas une tribune partisane. Elle est la Maison de dialogue.

Être candidate à sa présidence, c’est aspirer à servir.

C’est vouloir être la voix qui coordonne, le regard qui rassemble et l’oreille qui écoute.

C’est porter, avec conviction, la mission de ce Conseil : traduire les aspirations de la société civile, des forces vives, des associations, des syndicats, des acteurs économiques, des pêcheurs, des artisans de la culture et des protecteurs de notre environnement, en avis éclairés et constructifs.

Je mesure pleinement la responsabilité qui m’incombe aujourd’hui.

Elle est exigeante.

Elle est tout aussi exaltante, car notre Pays a besoin d’un CESEC fort, audible, respecté et tourné vers l’avenir.

 

Notre Institution a déjà beaucoup apporté à notre Pays.

Elle a contribué à des réflexions majeures sur la diversification de notre économie, sur la protection de notre patrimoine naturel et culturel, sur la place des jeunes et des femmes dans la société polynésienne.

Elle a su être une force de vigilance dans les périodes de crise, qu’il s’agisse des bouleversements liés à la pandémie, des difficultés économiques ou des défis environnementaux.

Elle a montré que la concertation pouvait être fructueuse, même lorsque les points de vue divergeaient.

Cet héritage nous oblige.

Il nous rappelle que nous devons poursuivre le chemin de l’utilité publique avec une ambition renouvelée.

 

Récemment, nous avons constaté combien il est essentiel de porter la voix de notre société civile au-delà de nos frontières.

A l’initiative de notre CESEC, une consultation citoyenne a recueilli les avis des Polynésiens, sur les enjeux liés à la préservation et à l’exploitation durable de notre vaste espace maritime.

Ces contributions ont nourri un rapport stratégique sur le développement durable de Te Moana Nui a Hiva, remis en mai 2025, et porté par nos représentants lors de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan.

Ainsi, la voix des Polynésiens a pu résonner dans une enceinte mondiale, alliant savoirs traditionnels, enjeux contemporains et priorités de notre développement durable.

Cette contribution illustre notre vision : un Conseil non seulement consultatif, mais aussi actif, innovant, et capable de faire entendre la voix de notre Fenua.

 

Et nous ne devons pas nous arrêter là.

Nous sommes au cœur d’un vaste continent océanique que nous formons avec nos frères et sœurs du Pacifique.

Avec eux, nous partageons des réalités communes : la montée des eaux, la préservation de nos ressources marines, la lutte contre la précarité, et la nécessité d’un développement équilibré, respectueux de nos cultures et de nos environnements.

C’est pourquoi je crois profondément à la coopération régionale.

Nos liens avec les autres territoires français du Pacifique — la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna — mais aussi avec l’ensemble des communautés océaniennes, doivent être renforcés.

Ensemble, nous pouvons échanger nos expériences, unir nos forces et nourrir un véritable dialogue régional de la société civile, afin que nos préoccupations et nos solutions, trouvent toute leur place dans l’avenir du Pacifique.

Le CESEC peut et doit être un acteur de cette dynamique, en portant la voix de notre population dans une solidarité océanienne, tout en restant fidèle à sa mission première : éclairer les choix politiques et nourrir le dialogue institutionnel de notre Pays.

 

Mes chers collègues, avec ma candidature, je souhaite porter une vision claire des défis qui nous attendent.

Premier défi : l’économie.

Nous ne pouvons plus dépendre excessivement de quelques secteurs comme le tourisme ou l’importation.

Nous devons encourager l’innovation locale, le développement des énergies renouvelables, la valorisation de nos ressources marines et terrestres, et soutenir nos petites et moyennes entreprises.

Notre CESEC doit être le lieu où se pense cette transformation, avec pragmatisme et courage.

 

Deuxième défi : le social.

Les inégalités demeurent trop fortes.

Le coût de la vie, l’accès au logement, la précarité des jeunes et des salariés pauvres, la situation des familles monoparentales et la protection de nos aînés, sont des réalités qui doivent être traitées sans attendre.

Notre Conseil doit être le porte-voix des oubliés, le lieu où les fractures sociales se traduisent en propositions concrètes.

 

Troisième défi : l’environnement.

Notre Pays est un joyau fragile.

Les lagons, les îles, la biodiversité terrestre et marine sont notre richesse, et notre responsabilité.

Notre Institution doit contribuer à ce que toutes les politiques publiques intègrent cette dimension écologique.

 

Quatrième défi : la culture et l’identité.

Nous sommes riches de nos langues, de nos traditions, de nos arts vivants.

Cette richesse doit être transmise, renouvelée, protégée.

Notre CESEC doit être le défenseur vigilant de cette dimension fondamentale de notre existence collective.

 

Chers collègues,

Je suis consciente que la mission qui nous attend est exigeante.

Je suis également convaincue que nous pouvons la réussir, ensemble.

Je vous propose une présidence d’unité, une présidence ouverte, neutre, fidèle à nos valeurs polynésiennes de respect, de solidarité et de partage.

Je souhaite faire de notre CESEC une force vivante, respectée des institutions, une boussole pour notre Pays qui indique le nord même quand les vents politiques changent, une boussole qui rappelle que derrière les statistiques, il y a des familles, des employeurs, des travailleurs, des jeunes, des anciens, des artisans, des pêcheurs, des artistes, des associations, enfin une boussole qui soit un tremplin pour l’avenir de nos enfants.

Je vous remercie de votre attention,

Mauruuru roa.

Te Aroha Ia Rahi.

Les dernières actualitées